L’association “Dis bonjour sale pute” organise un festival du consentement, du 7 au 9 octobre à Strasbourg.
Ouaip… Le sujet peut étonner pour un festival.
Son nom : “Festival sans oui, c’est non”.
À l’initiative de l’événement, la strasbourgeoise Emanouela Todorova et sa team de 74 bénévoles.
“Dis bonjour sale pute”, ou DBSP pour les prudes, existe pour dénoncer le harcèlement de rue, dont sont victimes pas mal de femmes à Strasbourg et partout en France. Harcèlement et/ou pire...
Chaque jour, nous avons des dizaines de témoignages via nos réseaux
nous explique Emanouela.
La page Instagram de DBSP est célèbre. 157 000 followers, et quotidiennement des messages pour encourager la libre parole, la liberté des femmes.
Ou faire témoigner des victimes de sexisme, misogynie, harcèlements, agressions (verbales ou sexuelles), ou même de viols.
Une gamine de 12 ans sifflée par un vieux de 50 ans, une prof traitée de sale pute par un élève de 6ème, une femme filmée par un inconnu (ses fesses), une adolescente de 17 ans interpellée dans la rue par trois hommes, pour “ses gros nibards”… cette page, c’est un peu le freak show du patriarcat.
On sait que tous les mecs ne sont pas comme ça. Mais il y a encore trop d’hommes qui se servent, insultent, harcèlent dans la rue. On aimerait que les mecs “normaux” aident à éduquer ces personnes.
C’est pas ok si...
Selon l’Observatoire National des Violences Faites aux Femmes,
En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000.
Autre chiffre ? La baromètre du harcèlement de rue. Oui, ça existe, au ministère de l’intérieur, ici.
Au 31 décembre 2021, 4700 infractions d’outrages sexistes avaient été enregistrées en France par les services de sécurité. Seules 2 % des victimes d’injures sexistes et 5 % des victimes d’injures anti-LGBT portent plainte.
Emanouela Todorova est une victime de harcèlement et d’agression sexuelle.
Elle a vécu à Berlin pendant trois ans. Jamais un seul regard de travers au pays du currywurst...
De retour en France, elle n’en revient toujours pas.
Au bout de deux heures, j’ai des remarques et des regards lubriques. Il faut vraiment que les mentalités changent…
La base
Ce festival a pour vocation d’affirmer une chose simple à comprendre : un non c’est un non.
Cela en utilisant des animations, des débats, des jeux aussi, en invitant des personnalités, Marion Séclin, Thomas Messias par exemple. Programme dispo ici.
Les filles ne jouent pas à dire non pour suggérer un oui. La vie réelle n’est pas un porno sur internet...
Non, on ne touche pas des fesses, un bras, un dos, sous prétexte de drague (lourde) sans le consentement, c’est à dire un véritable oui, de la fille en face de vous.
Non, on ne traite pas une femme qui porte une robe ou un short ou un crop top dans la rue, de salope ou de pute.
Non, une femme n’est ni un jouet ni un trophée ni une serpillère à insultes.
Une collaboratrice au bureau n’est pas moins importante qu’un collaborateur, elle n’use pas de ses charmes pour signer des contrats.
Non la nouvelle venue n’a pas eu sa promotion en passant sous le bureau du chef entre deux slides Powerpoint.
La liste des “non faut pas” est interminable.
Surtout si on y rajoute les agressions physiques, les viols, les coups, pour un oui, ou pour un non justement, le non crié par la femme devant son agresseur.
Davantage que le sexisme, certains comportements d’hommes sentent bon, en plus, l’homophobie ou le racisme.
L’idée est de revoir les habitudes, les croyances limitantes. Quand t’as un gamin qui a passé sa vie à voir sa mère nourrir la famille, son père ne rien faire, c’est normal pour lui de poursuivre ce schéma. C’est pour ça que nous allons dans les écoles, pour expliquer l’égalité et la liberté entre les femmes et les hommes.
Emanouela Todorova témoigne en vidéo sur Tchapp, à coeur ouvert.